TV Tornado N° 20 - 22 Avril 1967
N°20
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LE PILLAGE DES CERVEAUX

 

  Une bande d'envahisseurs sans scrupules tentent de piller les cerveaux de deux scientifiques de haut niveau et seul David Vincent sait comment les arrêter.
     
   

David Vincent trouvait le temps plutot long. Depuis près de quatre heures déjà, il était allongé à plat ventre à l'orée d'un bois, avec ses jumelles fixées sur la route en contrebas.

Le soleil tapait fort et sa transpiration coulait de son front dans ses yeux.

Il baissa ses jumelles, s'essuya le front, et prit une gorgée d'eau tiède à la bouteille qu'il avait apportée.

"Je dois être fou, je suppose." grogna-t-il, « Il doit y avoir des dizaines de routes appelées comme ça, alors pourquoi les envahisseurs devraient-ils emprunter celle-là particulièrement ? »

Le sentiment qu'il avait perdu  son  temps  se faisait de plus en plus fort depuis la première heure de sa planque. Mais il avait persévéré, parce qu'il savait qu'il pouvait se passer un long moment avant que la machine télépathique qu'il avait capturé aux envahisseurs lui donnerait d'autres indices sur leurs intentions.

Récemment, les messages télépathiques reçus par la machine étaient devenus moins fréquents et semblaient être codés. Vincent soupçonnait que ses adversaires avaient deviné qu'il les écoutait à leur insu.

Le grondement d'un puissant moteur diesel lui fit ajuster ses jumelles en direction de la route. Un gros camion blanc peinait à monter la colline qui lui faisait face. Vincent déplaça ses jumelles. Il put ainsi lire en grosses lettres sur le flanc du camion : Le Bruissement Magique - Les Meilleures Machines à Laver Américaines.

LA MARQUE

l put aussi apercevoir le conducteur. Il était appuyé à la fenêtre de la cabine, profitant de la brise tiède. Vincent pouvait voir sa casquette de baseball en arrière de son visage hâlé; il pouvait voir également la main noueuse nonchalemment posée sur la porte de la cabine. Il put ainsi constater la raideur si caractéristique de l'auriculaire : la marque des envahisseurs.

Vincent frappa le sol cuit par le soleil avec sa main en signe de victoire. "Il semblerait que j'ai choisi le bon chemin après tout !"

Il courut jusqu'à sa voiture et démarra rapidement jusqu'à ce qu'il puisse voir le camion blanc, puis il ralentit. Il n'avait pas envie de susciter la méfiance des envahisseurs.

La route les conduisit dans une série de virages bordés d'arbres. Quand Vincent en sortit, il n'y avait plus trace du camion blanc.

D'autres virages bordés d'arbres, quelques maisons aux murs blancs rapidement aperçues, et il arriva devant un large panneau qui indiquait : TOKERSTOWN - Merci de rouler prudemment.

C'était une petite ville de campagne au charme indéfinissable, de toute évidence très appréciée, car il y avait plusieurs lieux de restauration, un bel hôtel et un motel.

Vincent dessendit lentement la rue principale et s'arrêta devant le restaurant Aux joyeux convives.

Alors qu'il en poussait la porte d'entrée, il prit soudain conscience qu'il était fatigué et affamé. "Allons-y pour un bon steak et toutes ses garnitures." dit-il.

Pendant que sa viande grillait, Vincent avisa la serveuse derrière le comptoir et lui demanda : "Avez-vous vu un gros camion blanc passer ici récemment ? C'était marqué Machines à Laver sur le côté."

La serveuse secoua sa main. "Non, mais peut-être que je ne regardais pas la route à ce moment-là. Demandez au sergent Coker, l'agent de police qui patrouille le long de cette route. Il ne devrait pas tarder à venir prendre son café."

"Merci." lui répondit Vincent en regardant à travers la fenêtre. "Quelle belle ville ! Je crois que je vais rester quelques jours et prendre une chambre à l'hôtel."

La serveuse surveillait son steak aux oignons. Elle secoua la tête en entendant sa remarque. "Vous n'aurez guère de chance là-dedans." dit-elle en s'approchant devant lui et en déposant son plateau sur la table. Elle se pencha vers lui et dit confidentiellement : "Tout l'hôtel a été reservé pour une conférence de scientifiques. Top secret ! Personne n'est admis dans l'hôtel sans un pass spécial."

LA VOITURE DE POLICE

Une sonnette d'alarme retentit dans la tête de Vincent. Il était sur à présent que le camion blanc n'était pas aussi loin que ça. D'une façon ou d'une autre, les envahisseurs avaient du avoir vent de cette conférence.

Il en était au milieu de son repas quand une voiture de police s'arrêta brutalement devant la porte. Celle-ci s'ouvrit, laissant passer un homme bedonnant en uniforme qui repoussa d'un pouce sa casquette en arrière et annonça : "Donnes-moi un café, Milly."

Elle le servit avec un sourire et puis hocha la tête vers Vincent. "Ce gentleman voudrait savoir si vous aviez vu un gros camion blanc par ici ?" dit-elle.

Le policier regarda Vincent. "Un camion blanc ?" reprit-il en écho, "Nan, rien n'est passé par ici depuis des heures..."

Vincent sortit et dirigea sa voiture vers le motel. Il était épuisé et sentait qu'il avait besoin de dormir avant de reprendre son enquète.

On lui donna une chambre située à l'arrière du motel, à proximité d'un bois. Il alla à la fenêtre et était sur le point de tirer les rideaux quand il remarqua un éclat de lumière à travers les branches. Un véhicule bougeait dans la prairie au-delà des arbres. Il vit ses côtés blancs et l'inscription qui y figurait : Le Bruissement Magique.

Il bondit vers la porte. Il y avait assez de lumière pour distinguer la clôture basse qui séparait les arbres. Il sauta par dessus et courut à travers les bois. Le conducteur - l'envahisseur avec la casquette de baseball - était en train de fermer la porte du camion.

Le temps que l'envahisseur soit hors de vue, Vincent s'avança vers le camion. Il avait repéré une petite fenêtre sur le toit et s'y introduisit.

A l'extrémité du camion, il y avait une profusion d'équipements électroniques, deux sièges de contrôle et un écran de télévision. L'espace central du camion était occupé par une vaste table basse en forme de lit, munie de systèmes d'attache pour des poignets et des chevilles.

Vincent se glissa au sol et repartit en courant vers le restaurant. La voiture de police y était toujours et le gros policier discutait, affalé au comptoir quand Vincent fit son apparition. "Officier, ce camion blanc dont je vous parlais tout à l'heure..." commença-t-il.

Le policier se redressa lentement. "Ouais, et alors ?" fit-il.

"Il se trouve dans la prairie derrière le motel." répondit vincent. "Et j'aimerai que vous veniez le voir avec moi."

La réponse de l'autre fut de partir en frôlant Vincent. Vincent le rattrapa et ils marchèrent en silence jusqu'à ce qu'ils atteignent la prairie. Le camion avait disparu ! Vincent regardait autour de lui, décontenancé. "Il était là !" fit-il, "Juste là !"

PRIÉ DE SORTIR

Le gros policier se retourna vers Vincent avec une sinistre expression. "Monsieur, je ne sais pas ce que vous cherchez à faire," dit-il sêchement, "mais ne me prenez pas pour un débile. Faites vos bagages, reprenez votre voiture et fichez le camp d'ici ! Je vous donne une demi-heure pour quitter Tokerstown ! C'est compris ?"

Cela prit moins de 15 minutes à Vincent pour obéir au policier. Mais il ne comptait pas respecter tous les ordres donnés simplement parce qu'il partait ! "Le camion doit être quelque part par ici." murmura-t-il en quittant Tokerstown. Il roula dans les environs et arrêta sa voiture dans une carrière abandonnée.

Se déplaçant prudemment dans l'obscurité, il rejoignit Tokerstown et s'approcha de l'hôtel ou aurait lieu la conférence. Le camion blanc s'y trouvait à présent ! Il était garé contre le mur d'une grange, toutes portes ouvertes déversant un flot de lumière.

Une voiture sombre apparut tout à coup et se dirigea vers l'hôtel, se cognant et se balançant sur le sol inégal. Vincent se cacha derrière un arbre et regarda la scène. Trois envahisseurs sortirent de la voiture en tenant deux hommes titubants qu'il prit pour des scientifiques de la conférence.

"Préparez la machine et tenez-vous prèts." grogna un des ravisseurs. "Je m'occupe de ces deux-là."

Les deux autres envahisseurs disparurent dans le camion. Vincent entendit l'un des scientifiques hébétés murmurer : "Qu'allez-vous nous faire ?"

Leur garde ricana sombrement : "Aaah !  Juste  un  petit  travail  d'extraction  indolore.  Nous allons extraire toutes les connaissances de vos cerveaux !"

Vincent élabora un plan. Il avait remarqué que le camion était garé sous une ligne haute tension.

En rampant vers l'autre côté de la grange, il trouva quelques mètres de chaîne rouillée.

Il enfouit la chaîne dans sa veste pour éviter tous cliquètements puis rampa silencieusement sur le toit du camion. Il laissa glisser la chaîne et remit sa veste. L'envahisseur gardait toujours les deux scientifiques drogués, attendant la fin des préparatifs dans le camion.

Vincent accrocha une des extrémités de la chaîne au rebord du vasistas puis il balança l'autre extrémité au-dessus de sa tête en visant les câbles haute tension et se jeta au même moment sur l'envahisseur en-dessous. Il l'assoma au moment où la chaîne entrait en contact avec les câbles. Il y eut un terrible crépitement alors que les 17 000 volts se précipitaient à travers le métal du camion.

Le garde envahisseur restait allongé inconscient sur le sol. Une explosion soudaine retentit à l'intérieur du camion. Mais Vincent n'attendit pas pour voir les résultats de l'explosion. Il prit les deux scientifiques par les bras et les emmena dans une fuite trébuchante en direction de l'hôtel.

Quand il revint vers les lieux du sinistre avec le policier perplexe, les envahisseurs avaient disparus. Il ne restait que la carcasse calcinée d'un camion qui avait dû autrefois être blanc ...

Fin