TV Tornado N° 15 - 22 Avril 1967
N°15
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LES FLAMMES DE L'ENFER

 

  Des êtres d'une autre planète ont investi le plus grand site de forage de pétrole au monde. Et seuls David Vincent et un nouvel ami peuvent contrecarrer leurs plans!
   

David Vincent se réveilla en sueur, en proie à la peur d'un cauchemar trop familier. L'horreur était encore dans son esprit alors qu'il trébuchait hors du lit et chancelait vers la fenêtre de sa chambre d'hôtel. Il pouvait presque ressentir la brûlure des flammes lèchant sa peau desséchée alors qu'il fuyait éperduement, trébuchant le long de cet interminable couloir, avec les envahisseurs à ses trousses.

Il poussa la fenêtre, et respira l'air tiède de la nuit. Depuis qu'il avait détecté l'arrivée d'un vaisseau spatial extraterrestre dans le désert de l'Arizona, il avait essayé désespérément de prévenir les autorités ... Mais personne ne voulait l'écouter, personne ne voulait le croire.

Parfois, le jeune architecte américain était au bord du désespoir. Plus il essayait de raconter son histoire aux gens, plus cela leur semblait fantastique. Mais c'était vrai. Un vaisseau spatial avait apporté une avant-garde d'envahisseurs venus d'une planète lointaine, afin de déterminer si la terre était appropriée à une colonisation. Ils se déplaçaient sournoisement, prenant la forme de gens ordinaires, mais partout où ils allaient, la mort et la destruction étaient au rendez-vous.

"Et je suis le seul à pouvoir les arrêter !" pensa Vincent.

Cette pensée le réconforta. Il se détourna de la fenêtre de la chambre. Au même moment, il entendit une bagarre et un cri à l'extérieur. Il courut à la porte et l'ouvrit violemment. Un gros homme massif et rougeaud courait dans le couloir.

"Hé, vous !" hurla Vincent. Mais le gros homme avait disparu.

Vincent retourna dans la chambre pour prendre une robe de chambre et des pantoufles. Au moment où il arriva à la fin du couloir, le gros homme revenait par les escaliers, haletant. Il était bâti tout en force, avec de courts cheveux roux, une barbe encore plus rousse et des poings comme des massues.

"Qu'est-ce qu'il se passe ?" voulut savoir Vincent.

"Oh, salut !" l'accueilla l'autre."Mon nom est Pardy et ma chambre est contigüe à la votre. J'ai entendu du bruit dans le couloir alors j'ai regardé dehors. Et il y avait ce gars accroupi essayant d'ouvrir votre porte. Il a filé quand j'ai crié. J'ai essayé de l'attraper mais je l'ai perdu."

"Merci." fit Vincent en hochant la tête." Je vous offre un verre ?"

Pardy le suivit jusque dans sa chambre. Vincent tenta de prendre la mesure de l'homme alors qu'il remplissait un verre. À quel point pourrait-il se confier, sans risquer de déclencher son hilarité ? Pardy se relaxait sur une chaise et parlait librement.

"Je suppose que le gars passe sa vie à voler des trucs dans les chambres d'hôtel. J'ai déjà rencontré ce type auparavant. Dans tous les coins des Etats-Unis, tu vois ? Je transporte des explosifs, hein ! Travaux de démolition, carrières, construction de routes, appelle ça comme tu veux, j'arrive ! On m'appelle Blaster Pardy !!"

Vincent lui tendit un verre et ils burent ensemble. Puis Vincent lui demanda :"Dis-moi, Blaster, est-ce que tu crois aux extraterrestres ?"

SOUCOUPES VOLANTES

L'autre le regarda d'un air amusé."Curieux que tu me dises ça, David!" fit-il."Mon boulot m'entraine un peu partout et j'ai déjà vu des choses que je ne peux pas expliquer normalement."

Il s'approcha de David Vincent et lui prit le bras."Deux fois, j'ai vu des soucoupes volantes ! J'en ai parlé à l'Air Force mais qui voudrait y croire, bah !"

Vincent sentit un flot de soulagement le parcourir."Je te crois Blaster !" répondit-il."Mais je voudrais que tu me crois si je te dis que le gars que tu as poursuivi était probalement un être venu d'une autre planète !"

Blaster s'arrêta de boire."T'es sérieux ?"

"Très sérieux!" aprouva Vincent. Il expliqua alors à l'autre homme ce qu'il savait de ces envahisseurs et de sa quète solitaire à les pourchasser. Il y eut un long moment de silence quand il s'arrêta de parler. Blaster caressait sa barbe rousse lentement. Finalement, il pointa son pouce énorme vers la porte."Okay ! Mais qu'est-ce qui te fais croire que ce mec était vraiment un de tes extraterrestres ?"

Vincent s'agrippa au bord du lit."Parce qu'ils savent que je suis le seul à être aux courant de leurs agissements !" s'emporta-t-il."Maintenant, écoute, Blaster. A quoi crois-tu que ce type ressemblait ? Comme je te l'ai déjà dit, ils apparaisent sous les traits de n'importe qui mais il y a de petits détails qui les trahissent !"

Blaster fronça les sourcils."Ouais ! Ils ont un œil plus bas que l'autre, c'est ça ? Qui descend sur sa joue et qui remonte tout seul à la bonne place ! J'ai l'impression que ce sont plutôt les miens qui déconnent à cause de la fatigue."

Vincent martela la table de chevet."Les envahisseurs prennent pour modèle les personnes qu'ils voient autour d'eux mais ils se trahissent par de petits détails. Parfois, c'est leur auriculaire qui reste rigide, parfois, c'est leur regard qui reste fixe."

Blaster poussa une exclamation de surprise :"Alors j'ai poursuivi un alien ?"

"Oui." répondit Vincent."Et leur présence en ville laisse supposer qu'ils comptent intervenir dans les environs !"

Blaster haussa ses énormes épaules."Dans cette ville ? Et que viendraient-ils faire dans une ville paumée en plein désert à côté des montagnes ?"

Vincent arpentait la chambre de long en large."Je ne sais pas. Mais le fait qu'il soient là à obligatoirement un rapport avec leur exploration de la Terre en vue de préparer leur colonisation."

LE SITE DE FORAGE

Lentement, Blaster se mit debout."Bon sang de bonsoir !" rugit-il d'une voix impressionnée." Il y a un camp énorme à quelques kilomètres d'ici ! Ils construisent les puits de forage les plus impressionants du monde à cause de nappes de pétrole gigantesques !"

"Ca pourrait être ça !" Vincent se retourna les yeux brillants."Les envahisseurs pourraient venir jusque là, s'emparer des puits de forage et se servir de toutes les ressources de la croute terrestre !"

Blaster regarda sa montre."Magne-toi, David !" rugit-il."Enfile quelques fringues et allons voir ce qui se passe dans ce coin ! J'avais prévu d'y aller ce matin de toute façon. Tu vois, j'ai été embauché au cas ou l'un des puits prendrait feu. Mon boulot serait alors de l'éteindre en soufflant l'incendie avec des explosifs."

Quelques minutes plus tard, Vincent grimpait dans la cabine du camion garé devant l'hôtel. Stockées à l'arrière se trouvaient de nombreuses boîtes remplies des explosifs dont Blaster se servait pour son travail.

Le gros homme fit tourner son camion pour emprunter la grand-route du désert. Il se pencha pour attraper une boîte métallique à ses pieds de laquelle il sortit un calibre impressionnant roulé dans un journal."Un modèle 58 d'assaut." fit-il."C'est mon assurance personnelle qui ne me quitte jamais. Je pense que ça peut soigner tes envahisseurs !"

"Je ne sais pas." répondit Vincent. Il ouvrit sa veste et toucha la crosse de son Mauser."J'ai aussi une assurance contre eux mais pas aussi impressionnante que la tienne !"

Ils roulèrent un moment en silence. Le désert vaste et hostile s'étendait autour d'eux comme le soleil se levait."Hé ! Regarde-moi ça ! Y a un type qui marche vers nous au milieu de la route !" Vincent répondit d'une voix serrée par la peur :"C'est un des envahisseurs. Ne t'arrête pas ! Il doit porter une de leurs armes !"

Ils pouvaient voir l'homme très clairement maintenant. Il portait un bleu de travail et le casque de sécurité des ouvriers du chantier mais l'arme qu'il tenait en main était de celles qu'on ne voit jamais sur Terre. Il continuait de marcher vers le camion lancé à vive allure, à la manière d'un somnambule.

"Accroches-toi bien !" cria Blaster en s'agrippant à son volant. Les pneus crissèrent comme le camion fit une embardée. Mais au-delà du bruits des pneus vint un autre son que Vincent reconnut pour l'avoir déjà entendu. C'était un son mince et aigu portant un sinistre chant de mort.

Bang! Quelque chose heurta le camion comme un poing gigantesque, ouvrant un vaste trou dans les flancs métalliques. Il y eut une horrible odeur de métal fondu et de peinture brûlée.

Blaster luttait pour remettre le camion sur la route, le pied écrasant le plancher."Qu'est-ce que c'est que ce foutoir !" grogna-t-il.

Vincent en avait la gorge sèche."Il utilise une arme sonique à laser !" glapit-il."Il a du mettre le feu à l'arrière du camion !"

"Alors sortons d'ici !" hurla Blaster." Si ça touche mes explosifs ..." Il laissa sa phrase en suspens. Vincent escaladait déjà les boîtes en frappant les flammes avec sa veste.

Quand il revint vers le siège du passager, Blaster lui adressa un clin d'œil."Bien vu, David ! Maintenant écoute. Le camp est à environ un kilomètre d'ici. Mais si les envahisseurs ont envoyé un garde jusqu'ici, c'est qu'ils ont du prendre le contrôle de la base. Alors je vais planquer le camion dans un ravin et on finira la route à pied."

Quelques minutes plus tard, le camion s'engageait sur une route cahotante au fond d'un ravin et s'arrêta devant une petite maison en bois. Les deux hommes sautèrent à terre.

Blaster attrapa son fusil d'assaut et une paire de jumelles. Ils s'avancèrent dans la ravine. Alors qu'ils atteignaient la cabane, des bruits sourds attirèrent leur attention.

Blaster s'arrêta, son fusil d'assaut prèt à servir. Vincent lui désigna la cabane."Il y a quelqu'un à l'intérieur en train de taper sur un mur." murmura-t-il.

Ils s'approchèrent de la porte que Blaster ouvrit d'un coup violent. Il s'élança à l'intérieur en criant."C'est l'équipe de forage ! Tous ligotés et baillonés !" Comme ils coupaient les liens des hommes, le contre-maître leur raconta leur histoire." Ces types nous sont tombés dessus pendant qu'on dormait. Nous n'avons eu aucune chance. Et ils nous ont pris nos uniformes !"

La voix de Blaster retentit :"Restez ici hors de vue. Ces gars-là ne plaisantent pas !"

Il fit signe à Vincent et les deux hommes sortirent de la cabane puis escaladèrent le flanc de la ravine. Le soleil était haut maintenant et le désert vibrait de chaleur tout autour d'eux.

Blaster s'allongea un moment."Tu as raison, David !" murmura-t-il."J'espère que tes envahisseurs savent ce qu'ils font en prenant le contrôle de cette station de forage."

Il y eut soudain l'écho d'un terrible grondement et la terre trembla sous leurs pieds. Abritant ses yeux, Vincent aperçut une colonne de liquide noir jaillissant au sommet d'un puit." Ils ont trouvé un gisement !" cria-t-il. Blaster scruta attentivement à travers ses jumelles."Et quel gisement !" grogna-t-il.

L'instant suivant, il bondit sur ses pieds en gesticulant et en hurlant."Les abrutis ! Ils y ont mis le feu !"

LES FLAMMES DE L'ENFER

Il fit demi-tour et partit en courant vers son camion. Vincent le vit bourrer ses poches avec des explosifs. Comme il revenait vers lui, Vincent lui cria :"Blaster, tu ne comptes quand même pas souffler cet incendie avec ça ?"

Le gros homme continuait sa course."C'est mon boulot, David !" hurla-t-il."Et ce n'est pas tes gremlins venus du fond de l'espace qui vont m'arrêter !"

Vincent lui hurla d'être prudent mais Blaster semblait ne plus rien entendre. Vincent reprit sa course vers le puit, trébuchant dans le sable. Au moment ou il arrivait à trois cent mètres du puit, un gigantesque roulement de flammes jaillit de la terre en dégageant un épais de fumée noire qui se répandit aux alentours.

Vincent apperçut faiblement une silhouette courant devant lui. Il vit que c'était Blaster et lui cria :"Planques-toi !" Les deux hommes se jetèrent par terre, se protégeant la tête avec leurs mains. Il y eut une énorme explosion assourdissante puis ce fut le silence.

Secoués, ils se relevèrent péniblement. Blaster essuya son visage noirci et sourit :"Je l'ai fait ! J'ai soufflé cet incendie ! Et peut-être que j'ai exterminé tes envahisseurs s'il n'ont pas grillés avant !"

Bien que les preuves montraient que les envahisseurs avaient tous péri dans l'holocauste, David Vincent savait que la lutte n'était pas finie et qu'il les rencontrerait à nouveau, bientôt.

Fin